Ils/elles se côtoient depuis longtemps déjà.
Des projets communs remplissent leurs têtes et nourrissent leurs espoirs.
Ces deux personnes le savent : elles sont faites pour s’entendre. Il ne leur reste plus qu’à écrire leur histoire commune.
Leur premier voyage est en préparation. Ce rêve commun se concrétise.
Le hasard, ou la vie, les a réuni(e)s, ces deux enfants, qui rêvaient de la même île paradisiaque chacun dans leur chambre, sont aujourd’hui deux adultes assis devant le même ordinateur. Les billets sont pris !!
Dès leur arrivée, le dépaysement est total même si l’endroit est si familier à leurs imaginations.
C’est un paradis.
L’exaltation est à son comble, décuplée à chaque découverte.
Mais les premières heures seulement.
Ensuite, l’enfer !
Chaque discussion, chaque question, chaque proposition … Tout se transforme en conflit !
L’un(e) qui veut découvrir l’île en voiture, l’autre en faisant des randonnées.
L’un(e) qui veut des bons repas dont des restaurants étoilés, l’autre dans un boui-boui tenu par des locaux.
L’un(e) qui veut se reposer en faisant la crêpe sur la plage, l’autre en déambulant lentement dans les musées.
Pourtant, ils/elles en avaient parlé ensemble : « Les vacances ? Découvertes, bons repas et repos ! »
Mais ces « mots concepts« , faute d’être concrets, ont engendré des incompréhensions et ont fait tourner le rêve au cauchemar.
Ces malentendus se créent par un mécanisme qui existe en chacun de nous.
La projection.
Il n’est pas question ici d’un film qui passe sur un écran de cinéma.
En fait, c’est presque ça.
Mais :
- Le film c’est nous-mêmes qui nous le faisons.
- L’écran de cinéma c’est dans notre tête qu’il se trouve.
La projection, c’est quand nous pensons savoir ce que l’autre veut dire, pense, vit ou ressent. Nous pensons connaître aussi ses intentions.
L’autre n’est plus qu’un hologramme, un pantin manipulé par le scénariste : notre imagination.
Notre esprit croit connaître l’autre., ce qui empêche toute compréhension.
Prenons la situation banale d’une personne qui appellerait son conjoint ou sa conjointe et que le téléphone sonne sans réponse :
- Une personne jalouse imaginera que cette absence de réponse est synonyme d’un adultère.
- Quelqu’un d’anxieux pourra redouter que le téléphone sonne dans le vide car il s’est produit un accident.
- Une personne égocentrée s’agacera que l’autre ne lui donne pas la priorité en répondant, toute affaire cessante.
Ces personnes projettent leur vision du monde sur leur entourage.
Cette vision provient de leurs valeurs, de leurs croyances, de leurs pensées.
Cette vision, c’est leur projection.
Mais projeter, ce n’est pas comprendre.
Projeter c’est interpréter les actes, les dires et les attitudes d’autrui avec notre filtre.
Ce mécanisme est fourbe car bien souvent, nous ne nous en rendons même pas compte.
Au lieu de nous rapprocher des gens, la projection nous en éloigne.
Projeter nuit à la compréhension de l’autre car nous nous focalisons sur ce que nous raconte notre esprit plutôt que sur ce que nous dit ou fait la personne.
Sortir de la projection demande un réel effort.
Nous devons aller contre le fonctionnement naturel de notre cerveau.
Cela demande de sortir des pièges tendus par nos biais cognitifs, ces mécanismes automatiques dont notre cerveau se sert pour faciliter notre vie dans le monde.
Il nous faut mettre en place une démarche critique : nous demander si nous avons une preuve tangible, dans les dires ou les actes de l’autre, que ce que nous pensons est effectivement la réalité.
Pour pouvoir connaître et comprendre l’autre, il est fondamental de dépasser nos projections.
Pour sortir de la projection, voici la marche à suivre :
- Ecouter
- Pour toute opinion, se demander : Est ce une déduction logique ou une interprétation ?
- Sans certitude, demander à l’autre de préciser sa pensée, de clarifier son intention. Et surtout : écouter sa réponse, sa vision des choses.
- Répéter ces trois étapes jusqu’à être sûr que les films, dans votre tête et celle d’en face, soient les mêmes.
Sortir des projections n’est pas facile. Comme tout ce que nous n’avons pas l’habitude de faire.
C’est pourtant la clé pour permettre une réelle compréhension. Celle-ci n’est possible que quand nous arrivons à sortir de ce mécanisme. Là, une réelle écoute de l’autre devient possible.
Ce n’est pas évident, mais comme tout ce qu’on apprend, on peut s’y entraîner, progresser et rendre ça de plus en plus automatique.
Et l’hypnose, comme pour chaque automatisme, peut vous y aider.