Un processus de thérapie passe par la case « émotion ».
Pas forcément pendant les séances, même si ça arrive souvent. Mais nos émotions ont une place dans notre processus de changement.
C’est évident pour les personnes qui entament une thérapie pour des questions strictement émotionnelles, comme :
- Des peurs excessives ou irraisonnées.
- De l’anxiété qui se déclenche à tort et à travers.
- Une colère incontrôlable et débordante.
- Un deuil dont la tristesse est encore présente et bien trop forte.
Mais c’est aussi vrai pour des cas de figure moins évidents :
- Une personne qui fume et qui souhaite arrêter à cause de la déception ou de la colère qu’elle a contre elle-même de fumer.
- Quelqu’un qui veut être plus performant(e) dans son sport recherche de la satisfaction et du plaisir.
- Un(e) employé(e) qui a besoin de mieux gérer son temps au travail à cause de la tristesse ressentie en passant à côté de sa vie de famille.
Il faut se rendre à l’évidence : la place des émotions est centrale dans nos vies.
Mais bien que nous en ressentions tous, nous savons rarement quoi en faire.
Je vois souvent des personnes en consultation qui me disent : « Je veux arrêter de ressentir telle ou telle chose ».
C’est légitime : qui voudrait garder dans sa vie une émotion vécue comme une souffrance ?
Mais arrêter de ressentir des choses est tout simplement impossible. Sauf si c’est le signe de troubles psychologiques plus ou moins graves, comme dans le cas d’un traumatisme sévère qui couperait une personne de ses émotions.
Une autre demande très fréquente que je reçois est formulée ainsi : « Je veux réussir à contrôler mes émotions ».
Cela est possible dans le cas où nous cherchons consciemment à nous connecter à l’une d’elle. Comme par exemple quand nous voulons revivre un moment heureux. Ou encore pour un acteur ou une actrice qui rentre dans un rôle.
Mais quand l’émotion survient d’elle-même, c’est impossible de la contrôler. Ou plutôt, cela ne devient possible qu’une fois l’émotion apparue. Après qu’elle s’est déclenchée inconsciemment.
Notre esprit conscient ne peut que constater qu’une émotion survient, mais il ne peut l’empêcher.
Nous ressentirons donc toujours des émotions qui s’imposent à nous. Que faire alors de ce mécanisme inconscient et comment améliorer notre bien-être ?
Première phase : savoir à quoi ça sert.
Si notre organisme produit une émotion, c’est pour nous transmettre un message !
Au regard d’une pensée, d’une situation, de quelque chose qu’on nous dit, une émotion arrive en nous pour nous informer. Deux cas de figure possible :
- Si notre ressenti est désagréable, c’est que quelque chose nous dérange dans la situation et l’émotion est là pour nous faire réagir.
- Si notre ressenti est agréable, c’est que la situation nous convient et l’émotion est là pour nous inciter à reproduire cette chose là.
Deuxième phase : comprendre le message.
Il y a des cas évidents :
- Avoir peur d’une voiture qui arrive trop vite : le message est de vous jeter hors de sa trajectoire pour préserver notre santé.
- Être en colère contre quelqu’un qui vous fait du mal : le but est de changer ou de couper cette relation pour arrêter de souffrir.
- Ressentir de la joie en pratiquant un de nos hobbies : continuer à le pratiquer pour ressentir cette joie à nouveau.
Et d’autres beaucoup moins clairs :
- Être tétanisé de prendre la parole en public ?
- Une crise de panique en voyant une araignée sur un écran ?
- Se sentir mal à l’aise à la seule écoute d’un mot ou d’un morceau de musique ?
- Faire une crise de panique alors que nous sommes allongé dans notre lit bien confortable ?
Il est difficile de comprendre le message transmis dans ce type de circonstances. Voire même impossible de le faire seul(e).
Car certaines de nos émotions ne proviennent pas que de ce qui est vécu à l’instant présent. Elles peuvent aussi provenir du passé, rappelé par ce que nous sommes en train de vivre.
Ces liens qui se font entre le passé et l’émotion de l’instant sont parfois accessibles à notre esprit, parfois non.
Un morceau de musique qui nous émeut ? Notre mémoire ramènera souvent le souvenir de la personne avec qui nous l’avons écouté.
Une phobie des araignées ? Notre esprit de se souviendra pas de cette crise de panique de notre père quand nous avions cinq ans.
Mais bonne nouvelle : nous pouvons faire évoluer nos réactions émotionnelles. Nous ne sommes pas condamné(e)s à les revivre pour toujours.
Que ce soit en découvrant leur cause ou leur lien avec le présent, en modulant leur intensité, en programmant une réaction différente, nous pouvons cesser de subir une émotion qui influence notre vie de la mauvaise manière.
Comprendre qu’une émotion n’est ni bonne ni mauvaise, est un premier pas pour mieux nous connaître et faire évoluer les choses.
Comprendre le message est le deuxième pour réorienter nos choix si besoin.
Si nous sentons que ce message est inaccessible, une exploration plus profonde, ou une reconfiguration plus efficace sont nécessaires
Nous pouvons y parvenir seul(e).
Mais en parler avec quelqu’un qui a du recul et qui va voir les choses d’une autre manière nous permettra de dépasser notre logique et nos croyances pour nous aider à mieux comprendre ce qui se passe.
Cela vous permettra trois choses :
- Mieux vous connaître.
- Réduire le nombre et l’impact des situations désagréables.
- Multiplier les situations agréables.
Pour mieux vivre avec vos émotions, ne cherchez pas à les faire disparaître, mais plutôt à les comprendre.