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Dans le but d’être heureux(se), on veut changer certaines choses. Quelquefois même sans vraiment savoir lesquelles : le classique “je sais ce que je ne veux plus.”

Pour les déterminer, il arrive qu’on compare sa vie à celle des autres. Dans le meilleur des cas ça nous inspire, de temps en temps ça nous console, cependant ça peut aussi nous déprimer.

On peut alors se lancer dans une quête pour devenir différent(e).

Et si, en plus, on a sous les yeux un point de comparaison qui montre ce qu’aurait donné un choix différent ?

Lucie et Tom sont jumeaux, seules quelques minutes séparent le début de leurs vies.

Dès cet instant, liés par leur gémellité, tout le monde les a comparés l’un à l’autre.

Quelques années plus tard, la famille s’est agrandie. Ils n’étaient plus quatre mais cinq à la maison.

Après cet événement, Tom a ressenti moins d’attention et moins d’amour. Il s’est demandé si ses parents l’aimaient toujours. Il s’est demandé s’il était un “objet insatisfaisant” qu’ils avaient eu besoin de remplacer. Il pensait avoir fait quelque chose de mal et en être puni.

Lucie était heureuse de cette naissance, elle aimait le sourire de ce bébé, le fait que ses parents la traitent comme une grande. Elle pouvait enfin faire certaines choses toute seule.

Alors que Tom et Lucie venaient de rentrer à l’école primaire, ils étaient dans la même classe, avaient à peu près les mêmes notes et beaucoup de camarades en commun.

Mais Tom se sentait mal à l’aise avec les autres, alors que Lucie aimait leur proximité.

Tom déployait des efforts immenses pour essayer de plaire et d’avoir plus d’amis : il était gentil, il les aidait et leur disait toujours oui.

Lucie se satisfaisait des amis qui l’entouraient et continuait à faire ce qui lui plaisait comme ça lui plaisait.

Tom commençait à se demander s’il n’en faisait pas trop pour les autres. Il avait parfois l’impression d’être utilisé par ses camarades, qu’ils lui soutiraient des réponses aux devoirs à rendre.

Lucie partageait son savoir et ses connaissances. Elle sentait que ça l’aidait à mieux comprendre ses leçons.

Puis le temps passe.

Tom fait un boulot qu’il n’aime pas. Il en veut à ses collègues de ne pas venir lui parler, à son directeur d’être un salaud sans cœur, seulement préoccupé par son chiffre d’affaires.

Lucie a aussi un “boulot alimentaire”. Son patron est un con mais elle s’en moque. Elle trouve du plaisir dans le sourire d’une cliente, dans un coup de main donné à un collègue.

Quelques femmes s’intéressèrent à Tom. A chaque fois, il en était surpris. Il prenait ça comme un don du ciel et s’acharnait alors à faire le bonheur de sa partenaire. A la fin de chaque relation, cette phrase : “tu es trop gentil”. Il la haïssait. Il pensait que sa gentillesse était sa seule qualité. Elle lui était reprochée.

Lucie ne cherchait pas à être en couple à tout prix : le bonheur de sa vie n’en dépendait pas. Elle profitait de l’instant et des moments heureux. Si elle sentait une incompatibilité, elle mettait fin à cette relation. On lui reprochait de ne pas faire d’efforts, de ne pas changer, mais pour elle ce défaut était une qualité.

Tom considérait chaque chose comme une épreuve. Sa vie était une lutte perpétuelle contre lui-même, les autres, le monde.

Lucie se racontait une autre histoire : “je suis comme je suis et si je change c’est parce que j’en ai envie”, “les autres peuvent être méchants, mais j’ai le droit de m’en foutre et de continuer ma vie”, “le monde est injuste, mais je ne suis pas obligée d’en souffrir” … Elle se battait pour elle-même.

Pour se sentir mieux, Tom a essayé de comprendre ce qu’il faisait de mal, de se changer. Il se prend la tête à chaque instant pour trouver la meilleure manière de faire et de réagir pour que les personnes qui l’entourent soient heureuses et l’apprécient.

Lucie a remarqué que certaines personnes la trouvaient hautaine. Elle a constaté que les certitudes qu’elle proclame heurtent les gens qui pensent différemment. Une distance se crée entre elle et les autres, et elle n’aime pas ça.

Quand ils se retrouvent, Tom et Lucie parlent de leur manière de voir les choses et d’y réagir.

Lucie n’a pas compris que Tom ne se soit pas laissé aller à dire à cette fille qu’elle lui plaisait.

Tom a été déçu de voir Lucie perdre une amitié de vingt ans pour une engueulade où les mots ont dérivé en insultes.

Tom envie la spontanéité et l’aplomb de sa sœur. Lucie admire l’empathie et la patience de son frère.

Ils rêvent de n’être qu’un. Un mélange de l’un et de l’autre.

En réalité, ils le sont.

Tantôt l’un, tantôt l’autre, Tom et Lucie, c’est moi.

Au départ je n’étais que Tom et je voulais le faire disparaître car je souhaitais devenir Lucie.

J’ai réussi à un moment, mais être Lucie ne m’a pas apporté la béatitude que j’espérais.

Maintenant je le sais, depuis toujours, je ne suis ni l’un ni l’autre : ces deux facettes font partie de moi.

Si je fais quelque chose que Lucie adore mais que Tom déteste, je ressens une boule au ventre. Si c’est Tom qui commande en étouffant Lucie, je suffoque.

Depuis que je me suis rendu compte de cette dualité en moi, quand je vois les choses comme Tom le ferait, j’essaie de me demander ce que Lucie en dirait. Et réciproquement.

Je change de point de vue.

Ça demande de l’énergie et ce n’est pas tout le temps simple à faire. Surtout si on nous a toujours dit qu’il fallait être l’un plutôt que l’autre. Ou encore que l’on considère l’un bon et l’autre mauvais.

Mais ça m’aide à avoir de nouvelles perspectives, plus complètes. Ça m’aide à mieux me connaître.

Je prends en compte tout ce qui me compose. Ainsi je peux choisir ce qui est bon pour moi, ce moi global.

Accepter mes défauts et mon histoire me permet aussi d’accepter mes qualités et de créer le futur que je souhaite. Dans les projets que je mets en place, et les objectifs qui les composent, je veille à ce que Tom et Lucie y trouvent leur compte.

Ignoreriez-vous certaines parties de vous-mêmes ? Cela vous empêcherait-il de faire les bons choix ?

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