Nous nous posons des dizaines, des centaines, des milliers de questions chaque jour.
Nous avons tous un cerveau qui essaie d’y répondre, car une des choses qu’il déteste le plus, ce sont les questions sans réponse : l’incertitude.
À tel point qu’il invente des histoires qui permettent de bricoler une pseudo réponse et qu’il la considère comme vraie.
Notre esprit préfèrera toujours une fausse vérité, plutôt qu’une question sans réponse.
Il est donc tout naturel qu’il s’accroche à tout ce qui lui semble certain. Surtout quand nous attendons quelque chose que nous ne sommes pas sûr d’obtenir.
Plus nos attentes sont élevées, plus le besoin de réponse est fort. Et plus ce besoin est fort, plus l’incertitude est inconfortable.
Bien sûr, quand ce que nous attendons ne dépend que de nous, que nous avons le pouvoir d’agir sur la situation, que nous avons le choix, nous fabriquons notre réponse, nous agissons et nous pouvons ainsi obtenir ce que nous voulons.
Mais que se passe-t-il dans une situation qui implique une, ou plusieurs, autre personne ?
Quand vous attendez une réponse de votre patron à propos de votre augmentation ?
Quand vous souhaitez savoir si cette personne est l’homme ou la femme de votre vie ?
Quand vous espérez que le médecin va pouvoir vous soigner de cette maladie ?
Notre esprit se mue en détective.
A l’affût de chaque indice, il essaie de lever l’incertitude.
En plus de nos réflexions, pour cela, nous posons des questions.
Et toute réponse viendra combler ce vide qui insupporte notre pensée.
Cherchant donc à le remplir, nous scrutons chaque geste, nous écoutons chaque mot … Même le silence sera alors interprété comme une réponse.
Mais interpréter, c’est voir les choses de notre point de vue.
C’est projeter … pas savoir.
C’est risqué car source d’erreurs.
Mais les problèmes peuvent venir d’ailleurs que de nous : par les promesses qu’on nous fait.
Toute promesse met une réponse là où il y avait une question … et nous nous y accrochons.
« Oui, je vous promets de vous augmenter. »
« Oui, je veux faire ma vie avec toi. »
« Oui, prenez ce médicament et tout va rentrer dans l’ordre. »
Comme c’est rassurant !
D’un coup, tout s’apaise. Nous retrouvons le confort de la certitude.
Mais quand la promesse est rompue ? Quand la certitude est dynamitée ?
Plus l’attente était forte, plus la chute est dure.
Il y a peu de choses pires qu’un espoir déçu : une promesse brisée peut aller jusqu’à briser une vie.
« En fait, nous n’avons pas le budget cette année. Vous aviez contracté un crédit ? Désolé pour vous. »
« En fait, c’est fini entre nous. Tu vois tes envies de vie commune s’évanouirent ? Désolé pour toi. »
« En fait vous ne répondez pas au traitement. Vous perdez l’espoir et vous déprimez ? Désolé pour vous. »
Promettre devrait être réglementé : il devrait y avoir un permis pour ça ! Ne devraient être autorisées que les promesses qui seront tenues !
Mais ce permis n’existera jamais …
De plus, la vie étant faite de cycles, de mouvements et d’imprévus, nous ne pouvons jamais être vraiment sûrs.
Par contre nous pouvons exprimer la vérité du moment et préciser l’incertitude qui l’accompagne.
« Je vous promets de demander votre augmentation à la hiérarchie, mais je ne sais pas si elle sera validée. »
« Aujourd’hui je me vois passer ma vie avec toi, mais nous avons encore besoin de nous découvrir au quotidien. »
« Nous allons essayer ce traitement, il fonctionne pour 70% des patients, nous verrons dans un mois comment vous y répondez. »
C’est moins sexy, moins vendeur … donc ça laisse une dose d’inconfort.
Mais l’engagement est mesuré : il devient réaliste. Ainsi, cela limite les projections de la personne qui reçoit ces promesses car elle sait à quoi s’en tenir.
Inconnu(e)s, collègues, amis, famille, conjoint(s), enfants, …
Nous côtoyons un nombre incalculable de personnes durant notre vie.
Disons leur la vérité … toujours toute la vérité !! Y compris les parties incertaines et inconfortables de celle-ci.
En plus de protéger notre interlocuteur(trice) des dégâts d’une promesse non tenue, nous pourrons aussi nous regarder dans la glace sans rougir car nous n’aurons pas engendré ces dégâts.
Tout le monde, ou presque, a déjà entendu cette citation d’Henry Queuille : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. »
Je déteste cette citation !
Elle déresponsabilise complètement l’auteur/trice d’une promesse brisée et culpabilise la victime qui y a cru.
Par cet article j’espère vous sensibiliser aux deux côtés de la pièce : faites attention aux promesses qu’on vous fait, mais aussi à celles que vous faites.
Ainsi, en étant attentifs à ce qui nous est promis, et en étant mesurés dans ce que nous disons, nous nous protégeons et nous protégeons les autres.